LE TESTAMENT SPIRITUEL DE RODRIGUE LARUE

André Désilets, de l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Extrait d’un texte paru dans le journal « En tête de l’UQTR », vol. 13, no.8, 10 octobre 1995, p.5
Franciscain, mais aussi professeur et chercheur à l’Université du Québec à Trois-Rivières, le R. P. Rodrigue LaRue appartient à cette race d’homme dont l’activité n’est pas réductible à l’ordre des fonctions. Aussi retrouvons-nous chez lui les qualités qui font les vrais humanistes. Passionné par les auteurs grecs et latins, il y a puisé une extraordinaire sagesse, une sagesse que l’histoire et ses incidences temporelles n’ont pas encore réussi à effacer. Bien plus, c’est en intégrant cette sagesse à celle du christianisme qu’il a pu devenir, selon le témoignage de nombreux étudiants, un véritable « pont » entre les époques, permettant ainsi de mieux comprendre ce que d’aucuns entendent de nos jours par la crise du monde moderne.

Ce qui m’a surtout frappé chez lui c’était sa grande disponibilité pour tous ceux qui voulaient le rencontrer. Étudiant ou prostitué, savant ou drogué, croyant ou athée, tous bénéficient du même accueil, de la même attention. À ses yeux, l’université se situait dans le prolongement « naturel » du monastère. D’une certaine façon, elle était – et j’espère qu’elle l’est encore- un lieu privilégié de réflexion, d’étude, de recherche et de rencontre. C’est dire que le père LaRue ne se tenait pas à l’écart de la vie moderne. Au contraire, il connaissait mieux que quiconque ce que cachait la façade des objections intellectuelles, du cynisme ou de l’indifférence.

Aujourd’hui, alors que le père LaRue est âgé de plus de quatre-vingt ans, il poursuit son engagement avec un enthousiasme particulièrement contagieux. On dirait même que ses études sont « génératrices d’unité ». Tous ces efforts vont dans le même sens. Et s’il maintient un grand intérêt pour les Anciens, ce n’est pas tellement pour découvrir dans les archives du passé des réponses toutes faites, mais pour retrouver ces « paroles-semences » qui fécondent l’expérience comme des graines que l’on place dans la terre.

Certes, le père LaRue est un homme de foi. Comme il le répète régulièrement, il ne s’agit pas de condamner le monde moderne, mais de rappeler que l’affirmation chrétienne est eschatologique: dépassement incessant vers le terme qui, au lieu de fermer, ouvre sur l’au-delà…

Le père LaRue rappelle que le christianisme n’est indubitable que dans ses saints. En ce sens, les aspects extérieurs de l’Église n’ont de valeur que dans la mesure où ils favorisent l’existence spirituelle…L’essentiel consiste à vivre ce dynamisme ultime de l’esprit où, pour reprendre les termes de saint Jean Climaque: Celui qui garde son ardeur jusqu’au bout ne cesse d’ajouter jusqu’à la fin de sa vie un feu au feu, un zèle au zèle, un désir au désir.

(Tiré de « En Bref », vol. 29, no. 1, janv. 1995)

RECONNAISSANCE INTERNATIONALE POUR LE PÈRE RODRIGUE LARUE

« Si donner un verre d’eau à son prochain est un acte de charité; donner un renseignement à celui qui est perplexe doit aussi être un acte de charité ». Cette phrase de Saint Jean Chrysostome illustre en partie la motivation du père franciscain Rodrigue Larue dans son travail depuis 53 ans. Plus d’un demi-siècle à compiler le plus colossal répertoire d’auteurs grecs et latins existant au monde. Comprenant des dizaines de milliers de documents informatisés (photographies et notices), ce répertoire bibliographique critique permet de connaître ce qui s’est écrit depuis la Renaissance (XVIe siècle) dans des domaines aussi variés que l’histoire, l’archéologie, la religion, la politique, la philosophie, les sciences, l’éducation, etc.

Appuyé par des bénévoles, des étudiants et professeurs de l’Université du Québec à Trois-Rivières, l’homme de plus de 80 ans a voulu sauver de l’oubli des dizaines de milliers d’auteurs. Avec la venue du disque optique numérique (CD-ROM), l’homme de vision a trouvé un outil de diffusion plus facile d’utilisation que sa précédente publication (un imposant répertoire en quatre tomes publié en 1985) qui s’est retrouvée dans les bibliothèques de grandes capitales comme Rome, Athènes, Lausanne, Berlin, Washington, etc.

Grâce à l’informatique, il évitera des heures et des heures de travail aux chercheurs du monde entier. Contenue dans une dizaine de disquettes l’information recueillie patiemment par le Franciscain sera accessible du bout des doigts. Le lancement du premier disque a été salué au mois d’août 1994 lors du congrès international des études grecques et latines qui se déroulait à l’Université Laval de Québec. On avait alors honoré l’homme natif de Champlain pour son travail de « bénédictin ».

(texte de l’Église de Trois-Rivières, déc. 1994-Janvier 1995, no.5)
(Tiré de « En Bref », Vol. 29, no. 1, janv. 1995)

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