Une expérience du passé qui nous ouvre sur le monde d’aujourd’hui!

Nous vivons de plus en plus dans une société où les différentes cultures se côtoient, s’entremêlent et s’entrechoquent même. Dans les grandes villes du pays il est plus facile de faire ce constat. Les habitants des zones urbaines vivent à côté des personnes d’origines ethniques diverses tandis que dans les milieux ruraux, cela est plutôt rare mais les gens savent par les médias ou par des connaissances que les personnes venant d’autres pays se font davantage présents.

C’est pourquoi Les Franciscains trouvent important d’entamer une réflexion active sur notre ouverture vers les autres cultures et les autres religions afin de diminuer les tensions, les intolérances et l’incompréhension. Plusieurs frères travaillent concrètement dans des organismes ou des projets de dialogues inter religieux s’inspirant en cela de l’expérience de François d’Assise avec le Sultan. Il est en effet inspirant de constater que même au Moyen-Âge, au temps de François d’Assise, des chrétiens ont voulu établir des relations harmonieuses avec d’autres religions, en particulier avec l’Islam, au lieu d’encourager la guerre et la violence.

Même si François d’Assise était allé rencontrer le Sultan dans l’idée de le voir convertir vers la religion chrétienne, il y a dans sa démarche une volonté de réconciliation et de paix. Et encore plus réconfortant, c’est que nous pouvons appliquer à notre temps les leçons de cette rencontre profonde, pleine d’humanité et de tendresse.

Les Franciscains souhaitent contribuer à l’éveil des jeunes sur l’existence d’autres cultures, d’autres religions que l’on se doit de respecter.

Saint François d'Assise et le Sultan

François d’Assise et le Sultan : La rencontre

Nous vous présentons l’histoire de cette rencontre entre François d’Assise et le Sultan tel que rapporté par Saint Bonaventure qui a écrit sur la vie de François et approuvé en 1266 par l’Ordre des Frères Mineurs (ofm). Nous nous sommes permis d’apporter quelques changements au texte original afin de le rendre plus accessible.

Nous sommes en 1219

« S’exposant avec courage aux dangers de tous les instants, François voulait se rendre chez le sultan de Babylone en personne. La guerre sévissait alors, implacable entre chrétiens et sarrazins, et les deux armées ayant pris position face à face dans la plaine, on ne pouvait sans risquer sa vie passer de l’une à l’autre.

Mais dans l’espoir d’obtenir sans tarder ce qu’il désirait, François résolut de s’y rendre. Après avoir prié, il obtint la force du Seigneur et, plein de confiance, chanta ce verset du Prophète: « Si j’ai à marcher au milieu des ombres de la mort, je ne craindrai aucun mal, car tu es avec moi ».

S’étant adjoint pour compagnon frère Illuminé, homme d’intelligence et de courage, il s’était mis en route traversant la mer et se retrouvant dans le pays du sultan. Quelques pas plus loin , ils tombaient dans les avant-postes des sarrazins, et ceux-ci, plus rapides, se précipitèrent sur eux. Ils les accablèrent d’injures, les chargeant de chaînes et les rouant de coups. À la fin, après les avoir maltraités et meurtris de toutes manières, ils les amenèrent, conformément aux décrets de la divine Providence, en présence du sultan: c’était ce qu’avait désiré François.

Le prince leur demanda qui les envoyait, pourquoi et à quel titre, et comment ils avaient fait pour venir; avec sa belle assurance, François répondit qu’il avait été envoyé d’au delà des mers non par un homme mais par le Dieu très-haut pour lui indiquer, à lui et à son peuple, la voie du salut et leur annoncer l’Évangile qui est la vérité. Puis il prêcha au sultan Dieu Trinité et Jésus sauveur du monde, avec une telle vigueur de pensée, une telle force d’âme et une telle ferveur d’esprit qu’en lui vraiment se réalisait de façon éclatante ce verset de l’Évangile: « Je mettrai dans votre bouche une sagesse à laquelle tous vos ennemis ne pourront ni résister ni contredire ».

Témoin en effet de cette ardeur et de ce courage, le sultan l’écoutait avec plaisir et le pressait de prolonger son séjour auprès de lui. Il offrit à François de nombreux et riches cadeaux que l’homme de Dieu méprisa comme de la boue: ce n’était pas des richesses du monde qu’il était avide, mais du salut des âmes.

Le sultan n’en conçut que plus de dévotion encore pour lui, à constater chez le saint un si parfait mépris des biens d’ici-bas.
François quitta le pays du sultan escorté par ses soldats ».

QUE RESTE T-IL DE CETTE RENCONTRE ?

« Il semble, souligne Albert Jacquard (Le Souci des Pauvres, éd. Flammarion, 1996) que le sultan n’oublia pas le sourire de François, sa douceur dans l’expression d’une foi sans limite. Peut-être ce souvenir fut-il décisif lorsqu’il décida, dix années plus tard, alors qu’aucune force ne l’y contraignait, de rendre Jérusalem aux chrétiens. Ce que les armées venues d’Europe n’avaient pu obtenir, l’intelligence et la tolérance de Malik al-Kamil permettraient à l’islam de l’offrir. Sans doute le regard clair de François avait-il poursuivi son lent travail dans la conscience de cet homme ouvert à la pensée des autres ».

En réalité, cette distinction que l’on fait aujourd’hui entre les différentes religions cache la véritable opposition: celle du « Nord » contre le « Sud », et surtout des riches contre les pauvres. Car les musulmans eux aussi souhaitent bâtir un monde meilleur avec des valeurs humaines et spirituelles.

C’est pourquoi afin de continuer le travail de François d’Assise qui désirait ardemment tisser des liens avec les musulmans pour bâtir la paix, les Franciscains du Québec ont tenté des rapprochements avec les gens d’autres religions (amérindiens, bouddhistes, sikhs, hindous, juifs, musulmans et des chrétiens de plusieurs dénominations). Ensemble, ils cherchent des moyens pour faire face aux difficultés de notre temps: pauvreté, solitude, violence, drogue, etc.

À Montréal, les Franciscains ont organisé durant dix ans des prières qui rassemblaient des délégués de huit religions. Ces rassemblements ont suscité des initiatives diverses: prières interreligieuses organisées par des associations, des écoles, des prêtres ou pasteurs chrétiens; un groupe de femmes musulmanes et chrétiennes; un Conseil interreligieux.

Ailleurs, au Liban, aux Philippines et en Indonésie, des Franciscains et des musulmans s’unissent chaque année pour organiser et vivre un pèlerinage orienté vers la paix ou pour une cause sociale.

Dans une école primaire située à Tyr, au Liban, des moyens ont été mis en œuvre par les Franciscains pour respecter les différences mais aussi pour éviter de marginaliser un groupe au détriment de l’autre ou d’encourager la compétition entre les religions. Chaque classe, chaque équipe sportive, chaque groupe social compte des jeunes de chaque religion. Dans un match de football, par exemple, on ne verra pas une équipe formée exclusivement de musulmans jouer contre une équipe de chrétiens.

Comme on le constate il est possible de faire naître des initiatives entre des personnes de différentes religions et de vivre cette fraternité universelle dont François a tant rêvée. (1)

(1) Vous pouvez obtenir des documents de réflexions sur la question du dialogue interreligieux au bureau des Franciscains (voir les coordonnées plus loin sur le site).

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